Fondé en 1852, le cercle littéraire de langue française de Bytown, renommé en 1856: l'Institut canadien-français de la cité des Outaouais, devient en quelque sorte le premier « centre culturel » de l'Ontario français, avant d'embrasser tout un ensemble d'activités de tous ordres : sa première bibliothèque (1856), qui précède de 60 ans l'établissement de la Bibliothèque Carnegie d'Ottawa (1906) ; au moment de la Confédération de 1867, militantisme en son sein d'hommes de grand talent, tels Benjamin Sulte, Joseph Tassé, Stanislas Drapeau, Alphonse Lusignan, Pascal Poirier et Augustin Laperrière ; patronage de l'Institut pour le lancement du premier journal de langue française de l'Ontario (Le Progrès en 1858), sans parler du premier colloque littéraire et scientifique au Canada français lors de son 25° anniversaire, la création de l'Association des traducteurs et interprètes de l'Ontario ou encore l'une des toutes premières revues de langue française en Ontario (Les Annales) ; accueil de près de 1 000 conférenciers et plus de 1 000 séances musicales et dramatiques.*
* L'Institut canadien-français (1852 à 2002). Survol historique et biographies des patrons, des présidents d'honneur et des présidents, suivi d'une liste alphabétique des membres. Jean Yves Pelletier, Ottawa, Canada, 2006
L'Institut canadien-français d'Ottawa est l'un des plus anciens clubs pnves d'hommes d'expression française en Amérique du Nord. Fondé en 1852, enregistré au comté de Carleton le 29 mars 1856 et constitué par une loi du Parlement de la Province du Canada sanctionnée le 18 septembre 1865, l'Institut est considéré comme l'aîné des organismes de langue française à Ottawa et en Ontario. On attribue sa fondation à Joseph-Balsora Turgeon (1810-1897), forgeron de métier, conseiller municipal et l'un des Canadiens français les plus en vue de Bytown. Membre fondateur d'un cabinet de lecture fondé en 184 7, il proteste avec véhémence lorsque quelques années plus tard les Canadiens français se voient exclus de son conseil d'administration. En quittant la salle avec ses compatriotes, Turgeon annonce qu'il fondera un cercle littéraire qui survivra longtemps après la disparition du cabinet jadis situé à l'angle des rues Elgin et Sparks. Ses mots s'avéreront prophétiques. L'Institut n'est pas seulement un cercle littéraire ou un club social mais aussi un point de ralliement des forces vives de la francophonie d'Ottawa. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle et pendant une bonne partie du XXe siècle, l'Institut sera à la fois un centre communautaire et un centre culturel. Des activités de tous genres seront organisées : salle de lecture, séances dramatiques et musicales, conférences, cours publics, banquets...*
* L'Institut canadien-français (1852 à 2002). Survol historique et biographies des patrons, des présidents d'honneur et des présidents, suivi d'une liste alphabétique des membres. Jean Yves Pelletier, Ottawa, Canada, 2006
1852 (24 juin): Fondation d'un cabinet de lecture par des Canadiens français de Bytown (aujourd'hui Ottawa) connu sous le nom de « Cercle littéraire ». C'est dans ce cercle que se tiennent les premières activités socioculturelles en français: conférences, cours publics, théâtre, chants, musique, jeux.
1853 (automne): Le Cercle littéraire (L'Institut) ouvre un local à la nouvelle caserne des pompiers, rue Cumberland, entre les rues Clarence et Murray.
1854: Quittant la caserne des pompiers, le Cercle littéraire (L'Institut) emménage à la « salle du marché By », rue George.
1856 (29 mars): Le« Cercle littéraire», maintenant rebaptisé« Institut canadien-français de la cité d'Outaouais », s'inscrit au bureau d'enregistrement du comté de Carleton.
1856: L'Institut déménage dans son nouvel immeuble situé sur la rue King (côté est), près de la rue Church (aujourd'hui les rues King Edward et Guigues).
1857: L'Institut quitte son immeuble de la rue King et s'installe dans un local de l'ancien Collège Saint-Joseph, rue Sussex et Church.
1858 (mai): Parution de l'hebdomadaire Le Progrès, premier journal de langue française en Ontario ; sous les auspices de l'Institut.
1859: L'Institut emménage dans un local à l'édifice du marché By, rue York.
1861 (3 avril): Parution du Courrier d'Ottawa, deuxième journal de langue française en Ontario, sous l'égide de l'Institut.
1862 (21 janvier): Un incendie cause d'importants dégâts au local de l'Institut situé à l'édifice du marché By, rue George ; le mobilier, les archives et une grande partie de sa bibliothèque sont détruits.
1862: L'Institut déménage, pièce par pièce, son édifice de la rue King, pour l'installer au 396, rue Sussex, angle Saint-Patrick, en face de la cathédrale Notre-Dame.
1865 (19 juillet): L'Institut est constitué en corporation et la loi constitutive de l'Institut Canadien Français de la cité d'Outaouais » est sanctionnée par le Parlement de la Province du Canada le 18 septembre de la même année.
1870 (novembre): Premier souper aux huîtres. Cette fête annuelle se poursuit jusqu'à nos jours, sans interruption.
1874 (27 avril): Incorporation de la Société de construction canadienne d'Ottawa ayant comme mandat de construire un édifice pour l'Institut.
1877 (24 juin): Célébration du 25° anniversaire de fondation de l'Institut et ouverture de son nouvel édifice au 18-20, rue York, près de la rue Sussex. L'immeuble de style Second Empire comprend une salle de lecture, des salles de jeux, une bibliothèque et un théâtre pouvant accueillir 700 personnes.
1877 (24 octobre): Inauguration officielle de son immeuble de style Second Empire situé au 18-20 de la rue York. Tenue du premier congrès littéraire et historique au Canada français, sous la direction de l'Institut. En marge des activités du 25° anniversaire de l'Institut et du congrès littéraire, la Société littéraire du Canada est fondée par des membres de l'Institut. Cette société, qui n'aura pas longue vie, sera à l'origine de la fondation de la Société royale du Canada en 1882.
1887 (18 janvier): L'édifice de l'Institut, au 18-20 York, est complètement détruit par un incendie.
1887 (fév.-déc.): Suite au feu de janvier 1887, l'Institut reprend ses activités dans un local de l'édifice de l'Union Saint-Joseph d'Ottawa.
1887 (décembre): L'Institut déménage dans un local à l'édifice situé au 457, rue Sussex.
1893: L'Institut s'installe dans l'Édifice Boyden, 524-526-530, rue Sussex.
1898: L'Institut emménage dans un local à l'immeuble de la Banque Provinciale, au 150 de la rue Rideau.
1902: L'Institut s'installe dans un local situé à l'édifice de l'Union Saint-Joseph d'Ottawa (aujourd'hui l'Union du Canada).
1904 (15 février): Les locaux de l'Institut sont endommagés par le feu.
1906: L'Institut déménage à l'édifice du Monument National, au 113 rue George, angle Dalhousie.
1908: Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, est nommé président d'honneur de l'Institut. Il est le premier à occuper ce poste.
1913: L'Institut emménage au premier étage de l'immeuble du théâtre Princess, 158 rue Rideau, angle Dalhousie (côté sud-ouest).
1918: L'Institut, ayant quitté son local au théâtre Princess, loue un local dans l'édifice du Monument National, rue George, angle Dalhousie.
1920 (8 avril): L'Institut s'installe aux premier et deuxième étages de l'édifice de la Banque de Nouvelle-Écosse, au 123 rue Rideau, angle William.
1920 (10 novembre): Fondation de l'Association technologique de langue française d'Ottawa, précurseur de l'Association des traducteurs et interprètes de l' Ontario ; cette association est la plus ancienne du genre au Canada. Elle trouve son origine à l'Institut et ses premières réunions se tiendront à l'Institut.
1922 (16 mai): Un incendie survient dans une partie des salles de l'Institut.
1922-1925: Parution de la revue mensuelle Les Annales, une des premières revues de langue française en Ontario.
1928 (11 février): Célébration du 75° anniversaire de naissance de l'Institut.
1934: Premier tournoi annuel de golf de l'Institut. Ce tournoi a lieu à tous les ans depuis cette année-là.
1940: La tradition du souper annuel de la« rigolade des dindes » est instituée. Il a lieu à tous les ans au mois de décembre depuis cette année-là.
1953 (11-13 juin): Célébration du 100° anniversaire de naissance de l'Institut.
1956 (31 janvier): L'Institut emménage dans son propre édifice, au 316 de la rue Dalhousie, angle York.
1976 (décembre): Un petit incendie survient dans la bibliothèque et une partie du salon l'Escale, endommageant quelques journaux et une peinture murale.
1977 (31 décembre): Célébration du 125° anniversaire de fondation de l'Institut.
1996 (juillet): L'Institut centralise toutes ses activités à l'étage supérieur du 316 de la rue Dalhousie.
2002 (avril à déc.): Célébration du 150° anniversaire de fondation de l'Institut, le doyen des organismes de langue française d'Ottawa et de l'Ontario. L'Institut est le seul « Institut canadien» au Canada, qui existe encore aujourd'hui à titre de club privé, les autres ayant disparu.
* L'Institut canadien-français (1852 à 2002). Survol historique et biographies des patrons, des présidents d'honneur et des présidents, suivi d'une liste alphabétique des membres. Jean Yves Pelletier, Ottawa, Canada, 2006
Le philosophe Karl Popper perçoit trois mondes en interaction simultanée. D'abord, le monde matériel, c'est-à-dire celui de la population, des ressources naturelles trop rares, de la géographie, du climat, etc. Ensuite, le monde de l'esprit, du rêve, des perceptions. Enfin, celui des institutions, c'est-à-dire d'une série d'armistices entre le monde 1 et le monde 2, depuis les politiques sociales ou les banques, par exemple, jusqu'au choix des besoins matériels à combler, tels l'habitat et le vêtement. Frédéric Moreau tirait dans le même sens en d'autres mots. Et c'est dans ce même moule que se place d'emblée Jean Yves Pelletier en abordant le troisième monde et en élargissant la problématique générale vers les deux autres. Car derrière ces études statistiques et biographiques se profile déjà la trame générale de l'histoire de l'Institut canadien-français d'Ottawa (1852-2002).
Nous savions déjà que l'Institut canadien-français d'Ottawa avait joué un rôle important dans le développement social et culturel de cette ville, voire de la vie française en Ontario. Le présent ouvrage, fruit de longs labeurs de M. Pelletier, nous le confirme. Fondé en 1852, le cercle littéraire de langue française de Bytown, renommé en 1856: l'Institut canadien-français de la cité des Outaouais, devient en quelque sorte le premier « centre culturel » de l'Ontario français, avant d'embrasser tout un ensemble d'activités de tous ordres : sa première bibliothèque (1856), qui précède de 60 ans l'établissement de la Bibliothèque Carnegie d'Ottawa (1906) ; au moment de la Confédération de 1867, militantisme en son sein d'hommes de grand talent, tels Benjamin Sulte, Joseph Tassé, Stanislas Drapeau, Alphonse Lusignan, Pascal Poirier et Augustin Laperrière ; patronage de l'Institut pour le lancement du premier journal de langue française de l'Ontario (Le Progrès en 1858), sans parler du premier colloque littéraire et scientifique au Canada français lors de son 25° anniversaire, la création de l'Association des traducteurs et interprètes de l'Ontario ou encore l'une des toutes premières revues de langue française en Ontario (Les Annales) ; accueil de près de 1 000 conférenciers et plus de 1 000 séances musicales et dramatiques ; organisation d'une exposition historique pour son 150< anniversaire de fondation (les deux commissaires étaient Jean Yves Pelletier et Michel Lalande, ce dernier étant alors archiviste pour l'audio et le visuel au Centre de recherche en civilisation canadienne-française - CRCCF). Mariage heureux car l'Institut compte maintenant 660 membres qui résident des deux côtés de la rivière des Outaouais, et le CRCCF est le dépositaire d'un important fonds d'archives produit par l'Institut.
Cet ouvrage est sans contredit un ajout important à l'historiographie franco-ontarienne. Il faut féliciter Jean Yves Pelletier pour avoir mené ses recherches à bonne fin et pour nous présenter ainsi un survol historique de l'Institut, le portrait biographique de ses leaders et la liste de ses membres depuis le début. Les membres de l'Institut seront fiers du résultat de ces recherches. Nous savons par ailleurs que l'auteur mène d'autres recherches qui aboutiront d'ici quelque temps en une histoire générale de l'Institut.
Nous ne pouvons donc que féliciter l'auteur, lui souhaiter un succès bien mérité et inviter l'Institut à produire des membres aussi féconds.
Jean-Pierre Wallot
Directeur Centre de recherche en civilisation canadienne-française
* L'Institut canadien-français (1852 à 2002). Survol historique et biographies des patrons, des présidents d'honneur et des présidents, suivi d'une liste alphabétique des membres. Jean Yves Pelletier, Ottawa, Canada, 2006.
Copie disponible uniquement à l'Institut canadien-français d'Ottawa, 316 Dalhousie, Ottawa, ON, K1N 1B4, 613 241-3522, secretaire@icfo.ca
Le portail des Archives de l'Institut canadien-français d'Ottawa est consacré à la recherche historique et à la mise en valeur de son patrimoine archivistique, témoin de notre mémoire collective canadienne française. Ces archives contiennent plus de 2700 articles de journaux, documents et capsules vidéos, environ 5000 photos, datant de 1857 jusqu'à aujourd'hui. La compilation est toujours en cours et prévoyons l'ajout d'environ un millier d'articles de journaux au cours de 2024.